Atelier 5
Rapporteurs-Animateurs
Yves CHAILLEUX
DRE Pays de Loire
Alain MARINOS
SDA 29
Une histoire
Les moyens et les outils de la transmission du patrimoine sont aujourd’hui conditionnés par l’histoire de la “protection du patrimoine”.
Quelques dates pour mémoire :
- 1792 : confiscation des “biens nationaux”. Émergence de la notion de biens appartenant à la Nation toute entière.
- XIXe siècle : émergence des notions de “monument historique” et de “monument naturel”, soutenues en particulier par le mouvement romantique.
- 31 décembre 1913 : loi sur la protection des monuments historiques.
- 2 mai 1930 : loi sur la protection des sites.
Les préoccupations patrimoniales se sont alors constamment développées : premièrement, du monument à l’architecture, à travers l’évolution des critères ; deuxièmement, aux abords des monuments historiques en 1943 ; troisièmement, aux secteurs sauvegardés en 1962 ; quatrièmement, aux Zones de protection du patrimoine architectural et urbain en 1983 ; au paysage en 1993.
Sans parler du mobilier, de l’archéologie, du “littoral”, de la “montagne”…
Un constat
De l’objet au paysage, la notion de patrimoine se développe dans l’espace et dans le temps. Les sujets sont de plus en plus nombreux, sur des thèmes de plus en plus variés (objets mobiliers, architecture, urbanisme, paysage…) et rejoignent le temps présent (patrimoine du XXe siècle, idées de construire un “Patrimoine pour demain”…).
Les outils se sont multipliés pour tenter de répondre aux besoins de transmettre une identité dans un monde en profonde mutation.
La réponse donnée à ces besoins est dictée par “L’Histoire”, par la façon dont à été pris en compte le patrimoine depuis la fin du XVIIIe siècle. La réponse donnée est la “protection”, un outil dont l’État reste le garant. Dans cette logique, le patrimoine est devenu une “servitude” qui “s’impose”.
Réduit à un état de “servitude”, le patrimoine a vu son action limitée, car déconnectée des données essentielles de l’aménagement.
- Il n’est plus le programme à partir duquel la création permet l’évolution ;
- Il ne permet plus de développer, au delà du monument et du site protégé, le “savoir faire”, les “compétences”, les “métiers”, “l’art de bâtir” dont il est le support.
- Il ne fait plus comprendre l’avenir. Que dire d’un espace qui évoluerait plus vite qu’il n’est possible pour se l’approprier ou simplement s’orienter ? Une absence de repère, n’est-ce pas la raison du malaise ressenti à la périphérie de certaines agglomérations ?
Aujourd’hui, la société française change, se transforme, évolue fondamentalement. Le besoin de patrimoine s’est considérablement accru ces dernières années et continue de s’accroître, ce qui favorise son extension à tous les domaines qui touchent à notre cadre de vie.
Des questions
1 - L’extension de la notion de patrimoine, qui répond à un besoin de transmettre une identité culturelle, doit-elle se formaliser par une extension des “servitudes” ? Que penser d’une société qui se protège contre ses propres aménagements ?
2 - La société s’exprime aujourd’hui directement et clairement sur la valeur qu’elle entend donner au patrimoine. Les collectivités publiques (en particulier l’État, dont la compétence dans ce domaine est confirmée par la loi du 7 janvier 1983) ne doivent-elles pas, alors, se donner les moyens matériels d’y répondre ou ne doivent-elles pas revoir la répartition de leurs moyens afin de s’adapter à cette demande ?
3 - Le lieu privilégié de la transmission culturelle n’est-il pas, d’abord, l’école ; n’est-ce pas dans la formation et l’enseignement qu’il faut commencer les premiers efforts ?
4 - En aidant à la connaissance de notre cadre de vie, de son histoire et de son évolution, ne valorise t-on pas les métiers de l’aménagement ? Et n’offre-t-on pas ainsi la possibilité d’étendre leur champ d’action ? Avec des conséquences sur l’économie comme sur l’emploi, ce qui, convenez-en, dans le contexte actuel, n’est pas négligeable.